A l’ouest de Paris, à proximité de Saint-Germain en Laye, se trouve un des lieux les plus étranges des alentours parisiens. Le Désert de Retz est un jardin s’étendant sur une quarantaine d’hectares au nord de la forêt de Marly. Les différents bâtiments qui le composent furent construit durant la fin du XVIIIe siècle, par un aristocrate français : François-Nicolas-Henry Racine de Monville, après son acquisition du domaine. Aujourd’hui, le domaine se tient comme une sorte de cabinet de curiosité en plein air, bien méconnu des parisiens, mais remarquable pour l’étrangeté de ses structures. Le nom de désert fut choisi pour représenter la dimension recluse du lieu où l’on pouvait recevoir sans étiquette
L’édifice le plus connu du jardin se trouve avoir été la résidence de son créateur. Plutôt qu’une simple bâtisse, le bâtiment prend la forme d’un pied de colonne corinthienne, de 25m de haut et 15 de diamètre, dont la partie supérieure présente (intentionnellement) des marques de cassures, laissant imaginer un temple gigantesque.
L'intérieur possède en revanche une décoration raffiné et opulente.
Un autre bâtiment du désert est la pyramide glacière. Cette petite pyramide posé sur un terre-plein est une sorte de réfrigérateur ; en dessous se trouve un puit dans lequel est mis de la glace, et des boissons et sorbets sont ensuite entreposés au-dessus. Ce genre de mécanisme rend le bâtiment d’autant plus étrange. Le désert était un lieu de vie, et pour cela, Racine de Monville y fit construire des monuments avec un sens pratique.
Mais la majorité des bâtiments furent créés dans le but d’évoquer certaines époques.
On trouve notamment, en plus de la base de colonne, de nombreux bâtiments rappelant la Rome antique, notamment un morceau de temple en ruine.
On trouve aussi la ruine d’une église gothique, qui fut laissé intentionnellement, et rappelle un tableau de Caspar David Friedrich.
Un des éléments des plus déstabilisant doit être la tente Tartare, une fausse tente de bois décorée et peinte, servant occasionnellement de salle d’arme, qui évoque des contrés lointaines.
Enfin, l’oeuvre la plus impressionnante du jardin est la maison chinoise, qui s'effondra malheureusement sur elle même en 1970. Cette maison témoignant de l’admiration de François-Nicolas-Henry pour le pays, fut la première maison chinoise de France.
Le désert de Retz est une sorte d’avant garde du romantisme, construit et pensé alors que le mouvement en lui même n’avait pas encore pris la société française. L'intérêt se porte vers l’art et les anciennes civilisations en ruine, annonçant, d’une certaine manière la fin d’une époque, alors à l’aube de la révolution. Le Désert porte bien son nom, car il est encore aujourd’hui un lieu hors du temps. André Malraux le pris en exemple lors de sa campagne pour la conservation des monuments, non seulement pour sa valeur artistique intrinsèque, mais pour son message.
Renaud.